Pourquoi produire des plantes locales ?

La flore corse est souvent citée par les touristes qui foulent notre île, ils se souviendront longtemps de ses parfums si caractéristiques, de sa résistance à toutes les épreuves climatiques ainsi que des saveurs si spéciales des assiettes qu'ils ont pu apprécier dans tel ou tel restaurant.

Dessert corse : Myrte, nepita, immortelle signé Alex Palmieri (Atlantis)

Les plantes locales ne présentent cependant pas qu'un intérêt folklorique ! Notre clientèle ne s'y trompe pas et est de plus en plus demandeuse et/ou réceptive à cette "nouvelle" offre de plantes. Nous travaillons depuis de nombreuses années à la sélection, la multiplication, la production, la mise en valeur des plantes locales. Depuis 2016, ce travail est valorisé par une marque créée par l'Office de l'Environnement de la Corse et plus particulièrement par le Conservatoire Botanique National de Corse : Corsica Grana.

Quelques mots sur Corsica Grana

Corsica Grana est donc une marque qui vise à labelliser les plantes ou les semences issues de la flore sauvage de l'île. Toutes les étapes de la production :

- récolte,

- multiplication,

- production,

- élevage,

- commercialisation.

doivent être réalisées en Corse.

Pour en savoir plus sur cette toute première labellisation qui met en valeur le travail des pépiniéristes corses engagés dans la démarche consultez le site de la marque !

Intérêts des plantes locales

1. Permettre la conservation des usages traditionnels.

Naturellement les usages traditionnels les plus évidents à conserver concernent les usages culinaires et médicinaux. 

Ceux qui aiment se promener à proximité des anciens lieux de vie, hameaux, villages, bergeries, maintenant abandonnés rencontrent souvent la Nepita, ce qui témoigne de l'importance de cette herbe dans la cuisine traditionnelle. Et ce n'est pas la seule, chacun a dans sa famille des recettes où sont mentionnées ces herbes aromatiques traditionnelles, peu à peu remplacées par les herbes cultivées, dont l'aire de répartition originelle est bien souvent lointaine. Remettre en culture au jardin ces herbes permet de rendre leur utilisation plus facile au quotidien.

Conserver les usages traditionnels, mais également proposer de nouvelles formes de conservation ou d'utilisation : huiles essentielles, savons, ou encore sirops.

Les sirops du maquis de Juliette Bourgeois, récolte en milieu sauvage

2. Conserver les particularités génétiques

La végétation corse s'est petit à petit adaptée aux conditions de l'île. Isolée du reste du continent européen, la flore qui la constitue a donc développé une génétique tout particulièrement adaptée à ces conditions. Cela a d'ailleurs donné naissance à de nombreux endémismes = présence naturelle d'un groupe biologique exclusivement dans une aire géographique limitée.

Mais les particularités génétiques de la flore corse peuvent être atténuées par l'introduction de plantes de même espèce mais de génétiques différentes, c'est la pollution génétique. 

La génétique particulière explique certaines particularités des plantes locales, telle que par exemple la qualité extraordinaire de l'huile essentielle d'Immortelle.

Huile essentielle d'Immortelle, Vitalba

Les particularités génétiques de la flore corse peuvent également avoir un intérêt a plus grande échelle, c'est en tout cas ce que tend à prouver la recherche. Voici un exemple récent : 

3. Favoriser la faune locale dans les jardins

La faune corse s'est adaptée en même temps que s'est adaptée la flore locale. Il ne serait pas surprenant donc que des particularités de cette faune soient apparues avec l'adaptation des espèces végétales. Ce phénomène est très marqué par l'adaptation de la Sittelle de Corse, seul oiseau endémique de France métropolitaine, aux forêts de Pins laricio de Corse, également endémique de l'île. 

A échelle plus large le phénomène de mise en danger de la faune locale par l'utilisation d'espèces proches mais exotiques au détriment d'espèce locale a déjà été mis en évidence :

Source : Jardins de Noé

4. Lutter contre les gaspillages d'eau

Cette année 2017 a été particulièrement sèche. Les jardins ont particulièrement souffert. L'usage de l'eau a été réglementé très tôt dans la saison. Chacun peut à son échelle participer à la limitation de la consommation d'eau. 

Au jardin, cette limitation est rendue possible par des techniques de plantation, des techniques d'entretien, mais également par le choix des végétaux. Et les végétaux locaux sont particulièrement indiqués pour l'atteinte de cet objectif. Et c'est toujours grâce à l'adaptation des plantes aux conditions environnantes. Les étés sont chauds et secs. La flore a donc dû développer des adaptations pour limiter les évaporations d'eau telles que des feuilles réduites, vernissées ou poilues.

Le coup de main du pépiniériste joue également un rôle primordial. Oubliez les plantes forcées à l'engrais, à l'eau... Une plante "trop jolie" en pot doit vous faire poser la bonne question : est-ce que cette plante a été produite dans des conditions proches de celles de mon jardin ? C'est là une garantie supplémentaire de reprise rapide et dans de bonnes conditions de votre plante.

5. Limiter l'utilisation de pesticides

L'objectif affiché de l'Union Européenne est de limiter l'utilisation des pesticides issus de l'industrie chimique. Et petit à petit les solutions toutes prêtes disponibles dans les jardineries disparaissent des rayons. Ce n'est pas un mal, mais il faut alors repenser à l'organisation du jardin. Là encore les techniques de plantation et d'entretien jouent une grande importance, mais le choix des végétaux reste un rempart très efficace contre l'utilisation des pesticides.

Et c'est encore un bienfait de l'adaptation de la plante à son milieu naturel ! La plante s'étant développée avec des parasites, ravageurs et maladies, elle a également développé des stratégies face à ces nuisibles. Elle est donc très rustique aux maladies et ravageurs locaux.

C'est le cas par exemple de la lavande. La lavande corse est adaptée à nos sols acides, ce qui n'est pas le cas de la Lavande à feuilles étroites par exemple qui se développe à merveille sur les plateaux calcaires, secs comme chez nous, mais calcaires surtout. Dans nos jardins et en l'absence de ce calcaire, elle devient très sensible à certains champignons du sol, ce qui n'est pas le cas de notre Lavande corse.

6. Limiter l'introduction de maladies et/ou de ravageurs, d'espèces exotiques envahissantes

L'introduction d'espèces exotiques envahissantes (espèces végétales, mais aussi animales) est une des principales causes de perte de la biodiversité et impacte fortement les activités économiques.

Très récemment, nous avons pu constater que l'introduction de plantes a également été vectrice de ravageurs (Charançon rouge du palmier par exemple) et de maladies. Il en existe encore de très nombreux à nos frontières, qui pourraient également être catastrophique pour la végétation insulaire et par conséquent pour l'économie de l'île également.

Se prémunir contre l'introduction c'est donc avant tout se tourner vers un producteur de plantes locales qui peut également proposer une large gamme d'autres plantes produites localement. 

Eviter les introductions de maladies et ravageurs, c'est également protéger notre flore locale !

7. Parce qu'elles sont belles tout simplement

Les espèces locales issues de notre production

Nous entendons par espèces locales des espèces prélevées à l'origine dans notre milieu naturel et par nos soins. Les espèces présentées ci-dessous sont soit en cours de production soit déjà en cours de commercialisation.

Toutes ne sont pas labellisées Corsica Grana, car :

- leurs mises en culture est antérieure à la création de la marque,

- nous utilisons des pieds-mères hors champs de pieds-mères labellisé (dans l'attente de notre déménagement),

- la production à partir de graines est très aléatoire et nous utilisons des pieds-mères exempts de Xylella fastidiosa (analyses réalisées par la DDCSPP).

D'autres espèces sont à l'étude, nous vous en dirons plus très prochainement !

Cas particulier du romarin dans notre production

Nous produisons du romarin corse, à partir de pieds-mères récoltés dans le cortenais. En effet, la production à partir de graines est très aléatoire. La multiplication par boutures est donc plus facile. Cela nous permet de garantir des prix cohérents.

Cependant, le risque du bouturage, c'est la propagation des maladies dont la Xylella fastidiosa. C'est pour cela que nous avons mis en place ce système de pieds-mères et que nous ne récoltons pas de boutures en milieu naturel. Nos pieds-mères sont tenus à la disposition des autorités compétentes en matière de recherche de Xylella fastidiosa et sont donc contrôlés régulièrement. 

Venez visiter notre site de production, et discuter avec nous des plantes locales et de leurs intérêts. Nous sommes ouverts toute l'année du Lundi au Samedi.